On avait peur de parler by Heidi Harding & Tom Harding & Chloé Harding

Auteur:Heidi Harding & Tom Harding & Chloé Harding [Harding, Heidi & Harding, Tom & Harding, Chloé]
La langue: fra
Format: epub
Tags: Témoignage
ISBN: 9782824648316
Éditeur: City Edition
Publié: 2019-10-04T04:00:00+00:00

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5. En anglais, nice signifie « joli, sympa ».

10

Chloe

Un jour, je l’ai revu dans le village ; ce devait être après son arrestation. Je me rendais au magasin à pied avec une copine quand il est passé dans sa camionnette. Il s’est arrêté et a attendu qu’on arrive à sa hauteur. Maman m’avait dit qu’il n’était pas autorisé à me parler, mais il a tout de même baissé la vitre et m’a dit : « Tiens, t’as un nouveau chien. Où est Lexi ? » Tom était assis à côté de lui sur le siège passager, mais il tournait la tête de l’autre côté et n’a rien dit. Je n’ai pas répondu et j’ai continué de marcher. Après un moment d’hésitation, ma copine m’a emboîté le pas.

Elle ne savait pas qu’il avait été arrêté et libéré sous caution, alors elle m’a demandé, un peu déconcertée : « C’est pas ton père ? Pourquoi tu ne lui réponds pas ? » J’ai haussé les épaules et continué à marcher.

Ce n’était pas longtemps après que maman et Heidi m’avaient dit que je devais voir un psychologue, ce qui m’avait rendu encore plus furieuse contre Heidi. J’avais répondu à maman que je ne voulais voir personne et elle m’avait dit : « Va au moins à la première séance et tu verras bien. »

Quand le jour de la séance est arrivé, j’étais en panique. Je pleurais quand maman est venue me chercher à l’arrêt du bus après l’école. Je crois qu’elle avait demandé une pause à son travail. On s’est assises dans le parc derrière la cathédrale et j’ai mangé en pleurant le sandwich aux crevettes qu’elle m’avait acheté. Je lui répétais que je ne voulais pas y aller. Je ne sais plus comment elle a réussi à me persuader, mais je me revois traverser la route en sortant du parc, entrer seule dans l’immeuble et m’asseoir dans une salle d’attente austère et mal éclairée. Une femme a ouvert la porte et m’a conduite dans une autre pièce tout aussi glauque. Je me suis assise en face d’elle et suis restée muette comme une tombe, éludant toutes ses tentatives pour engager la conversation.

Je pourrais très bien me sauver, ai-je songé. Ils ne pourraient pas m’arrêter si je partais pour de bon. Et puis j’ai pensé à tous les problèmes que j’aurais. Pire, je me suis dit : Et s’il faisait du mal à maman ? Ou qu’il m’attrape, moi ? Alors je suis restée. Et comme si ce n’était pas assez pénible d’être là, la psy a voulu que je dessine un arbre généalogique. Je trouvais cela ridicule : à quoi cela pouvait-il bien servir ? C’était comme me dire : « Ton père a abusé de toi, ta sœur a trahi ta confiance, on a tous lu ton journal intime mais ce n’est rien, dessine un arbre sur ce bout de papier, écris les noms de tes grands-parents dessus et tout sera oublié ! » Assise dans ce bureau, j’avais

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